- BAVIÈRE (géographie)
- BAVIÈRE (géographie)BAVIÈRE, géographieLe plus grand Land de la république fédérale d’Allemagne avec 70 553 kilomètres carrés, la Bavière (en allemand, Bayern) comptait, en 1993, 11 770 400 habitants.Terre de contrastes, la Bavière associe la zone de Munich, animée par un remarquable dynamisme urbain, et des régions profondément rurales, gardiennes des traditions germaniques. Seule une certaine permanence historique rend compte de l’unité d’un Land, très divers par ailleurs.La Bavière ne présente pas d’unité physique. Elle s’inscrit dans un cadre montagneux: les Préalpes calcaires bavaroises au sud, les massifs hercyniens du Böhmerwald et du Frankenwald à l’ouest et au nord. Entre Danube et Main, orientées vers le nord-ouest, s’étendent les assises d’un bassin sédimentaire commun à toute l’Allemagne du Sud, le bassin de Souabe-Franconie; les plateaux calcaires du Fränkische Alb (Jura franconien) accidentent cette zone, à la hauteur de Nuremberg, entre Bamberg et la Wörnitz. Au sud du Danube, le plateau bavarois a été largement façonné par quatre glaciations quaternaires, dont l’avant-dernière (celle de Riss) s’est avancée jusqu’au Danube actuel. La molasse tertiaire donne encore à la région de Landshut un modèle caractéristique de collines peu boisées. Vers le sud, le jeu des glaciations et des périodes de réchauffement a alterné phases de dépôts et phases de creusement; il en résulte un paysage en lanières, avec plateaux détritiques boisés et vallées marquées par le passage des glaciers. Des nappes de galets (Schotterdecke ) recouvrent la plaine de Munich et le Lechfeld; au sud, la ceinture des moraines terminales s’agrémente de nombreux lacs: Ammersee, Starnbergersee, Wurmsee, Chiemsee, Federsee. Morphologiquement divisée, la Bavière l’est aussi sur le plan hydrographique: le Main draine la partie septentrionale en direction de la mer du Nord; le Danube et ses affluents, venus tant des Alpes (Iller, Lech, Isar) que du massif Bohémien (Naab, Begen), entraînent les eaux du sud vers la mer Noire.L’unité de peuplement n’existe pas; trois «souches» germaniques ont occupé l’actuelle Bavière: au nord, dans les pays du Main, les Franconiens ont construit des villages-tas aux maisons-cours à colombages, n’édifiant de hameaux et de fermes isolées que lors des défrichements forestiers ultérieurs; au sud-ouest, entre Iller et Lech, le peuplement reste souabe; à l’est du Lech, enfin, les Bavarois (Baiern), d’abord installés au sud du Danube, dans la vieille Bavière, remontèrent la Naab pour occuper le Haut-Palatinat (Oberpfalz). Le peuplement des Bavarois a pris la forme de hameaux et de fermes isolées, aux vastes dimensions. Partout, dans cette vieille Bavière, la dimension même des fermes traduit l’héritage «fermé» au profit d’un seul, qui s’oppose à la pratique de la division adoptée dans les pays du Main. Cette opposition est loin de se calquer sur les systèmes de culture. Néanmoins, la première coutume était la plus appropriée à une agriculture d’altitude faisant une large place à l’élevage; la seconde l’était davantage à un système de production faisant place, au moins dans la vallée même du Main, à la vigne.Sur le plan religieux, la Bavière est en majorité catholique; mais, en Franconie, autour de Nuremberg, domine le protestantisme. La seule unité de la Bavière est politique: elle résulte de la persévérance de la dynastie des Wittelsbach, qui, de 1180 à 1918, ont créé puis préservé les structures d’un véritable État.La Bavière des Wittelsbach s’ouvrit aux influences de la Contre-Réforme et du baroque italien sous sa forme rococo. Ravagée pendant la guerre de Trente Ans, alliée de Louis XIV, puis de Napoléon avant de devenir son ennemie, la Bavière réalisa son unité politique en 1806, fut érigée en royaume et emprunta à la France son organisation centralisatrice; elle connut son apogée entre 1815 et 1864 sous les règnes de Maximilien Ier, de Louis Ier et de Maximilien II. L’importance de la république de Bavière au cours de la révolution allemande de 1919, son rôle privilégié (Munich, Nuremberg) dans l’histoire du IIIe Reich prolongent cette permanence historique. L’existence d’un parti politique propre à la Bavière, la C.S.U. (Union chrétienne sociale), témoigne encore de la conscience collective et de la volonté d’une certaine autonomie: sur des panneaux frontières distincts de ceux de l’Allemagne, le Land de Bavière revendique d’ailleurs avec nostalgie et persévérance le titre de «Freistaat Bayern» (État libre de Bavière).L’économie de la Bavière s’est longtemps placée sous le signe de la diversification. Pourtant, au XIXe siècle, le royaume, privé de matières premières, ne pouvait prétendre à un développement industriel à l’image des pays rhénans; aussi faisait-il figure, dans le Reich, d’État essentiellement agricole. Peuplée de 4 millions d’habitants en 1852, de 6 millions en 1910, de 7 millions en 1939, la Bavière doit intégrer, après 1945, 1 780 000 expulsés des territoires perdus à l’est et 360 000 réfugiés venus de la R.D.A. (chiffres de 1959). Le chômage et une active émigration caractérisèrent le pays pendant quinze ans; progressivement, cependant, une importante industrialisation permit l’intégration des nouveaux arrivants: débordant les centres manufacturiers traditionnels (Nuremberg, Augsbourg, Munich), elle s’est diffusée dans les campagnes et a fait appel à une nombreuse main-d’œuvre étrangère.L’agriculture représente moins de un dixième de la production intérieure brute. De solides positions restent cependant acquises: celles de l’Allgaü en matière de beurre et de fromage, celles de l’Hallertau pour le houblon, celles de la région de Würzburg pour les vins. Les régions rurales — et les centres urbains — bénéficient d’une intense activité touristique: au calme de ses forêts et aux champs de ski de Garmisch-Partenkirchen la Bavière associe avec bonheur le charme de ses villes historiques, telles Rothenburg ob der Tauber ou Dinkelsbühl, les musées et les brasseries de Munich. Mais la transformation la plus profonde a intéressé le secteur industriel: elle est liée au remplacement du charbon par le pétrole et le gaz naturel comme source majeure d’énergie. Alimentée par des oléoducs en provenance de Marseille et de Gênes, Ingolstadt (101 400 hab. en 1994) est un très grand centre de raffinage. Avec les centrales hydroélectriques des cours d’eau alpestres et les centrales nucléaires de Kahl, de Grundremmingen et de Niederaichbach, ces apports énergétiques ont également contribué au développement de la région. Mais d’autres facteurs ont joué: les réserves de main-d’œuvre à bon marché pour les travaux d’exécution, notamment dans le textile et l’électrotechnique, les outils et le personnel de recherche des centres universitaires de Munich (1 206 400 hab. en 1993) et d’Erlangen. Le repli de l’Office des brevets, installé autrefois à Berlin, a bénéficié à Munich et entraîné l’installation de la firme Siemens, le plus gros employeur privé en Bavière. L’histoire politique et l’évolution économique assurent la prééminence de Munich; mais Nuremberg (485 700 hab. en 1994), longtemps défavorisée, est le deuxième pôle industriel de Bavière. Cette ville portuaire est située sur le canal Main-Danube. Les autres villes importantes, Augsbourg et Ratisbonne, gardent le reflet de leur prospérité commerciale au Moyen Âge; mais l’industrie a assuré leur développement urbain: Augsbourg (population estimée à 250 200 hab. en 1994) est un important foyer d’industries textiles et de constructions mécaniques; Ratisbonne (population estimée à 120 000 hab. en 1994) est également un grand centre industriel (Siemens, B.M.W...).
Encyclopédie Universelle. 2012.